Un lieu à soi est avant tout un pamphlet, cinglant et ironique, écrit en 1929 par Virginia Woolf.

Elle s’interroge sur ce qu’il manque aux femmes douées pour penser, rêver, créer, et le constat est sans appel : c’est avant tout de quoi vivre, du temps, et un lieu à soi.

Un lieu à soi, c’est bien entendu l’espace concret de la pièce de travail où s’isoler, mais c’est également un espace temporel où la femme serait libérée des tâches domestiques, un espace mental où elle serait libre de penser, un espace économique qui lui permettrait de s’assumer seule.

Quand on découvre le parcours de compositrices anglaises majeures comme Rebecca Clarke ou Ethel Smyth, on s’émerveille encore plus des œuvres qu’elles nous ont laissées : en bravant l’autorité paternelle, ou bien encore l’incrédulité de la société quant à leur talent artistique pourtant réel (en 1919, à l’occasion d’un concours, les journalistes avancent l’idée que Rebecca Clarke ne serait qu’un pseudonyme du compositeur Ernest Bloch, ou bien encore que ce ne serait pas elle qui aurait composé les œuvres présentées), elles ont forcé l’accès à ce lieu à soi si ardemment recherché et si chèrement payé, quand d’autres compositeurs comme Franck Bridge ou Benjamin Britten par exemple ont eu moins à lutter pour s’imposer.

ActeSix propose une immersion dans cette Angleterre du début du XXe siècle, et loin d’opposer les deux sexes, Un lieu à soi tend à rendre hommage à la lutte menée par ces femmes courageuses dont la production artistique impose le respect, malgré une vie semée d’obstacles. Sujet d’actualité, un lieu à soi est aussi certainement l’espace qui reste à créer dans les mentalités de tous pour que la démonstration historico-sociale de Virginia Woolf reste définitivement cantonnée aux livres d’histoire.

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Conception et direction : Samuel Hengebaert

Maïlys de Villoutreys, soprano

Anaïs Bertrand, mezzo soprano

Lucile Richardot, alto

ActeSix (Adam Laloum, Hélène Desaint, Alexis Gournel, Julie Dessaint,
Ronan Khalil, Samuel Hengebaert, Étienne Floutier)